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Photo du rédacteurAnna Blanc

Cormac McCarty – Méridien de Sang

« Imaginez deux hommes qui font une partie de cartes sans avoir rien d’autre à parier que leur vie. Qui n’a pas entendu des histoires comme celles-là ? Une carte retournée. Et pour ce joueur-là tout l’univers se sera péniblement traîné jusqu’à cet instant qui va lui révéler s’il doit périr de la main de l’autre ou l’autre de la sienne. Quelle justification plus irrécusable pourrait-il y avoir du mérite d’un homme ? Cette élévation du jeu à sa dignité suprême n’admet aucune discussion quant à la notion de destin. Le choix d’un homme plutôt que d’un autre est une préférence absolue et irrévocable et il faudrait être assurément bien stupide pour croire qu’une aussi lourde décision est sans autorité ou sans signification, à votre choix. Dans ces parties qui ont pour objet l’anihilation du vaincu les décisions sont tout à fait claires. L’homme qui tient tel assortiment de cartes dans sa main est du même coup rayé de l’existence. C’est la nature même de la guerre dont l’enjeu est à la fois le jeu et la puissance et la justification. Vue sous cet angle la guerre est la forme la plus vraie de la divination. C’est la confrontation de la volonté d’un homme et de la volonté d’un autre au sein de cette volonté plus vaste qui se trouve contrainte de choisir parce qu’elle est ce qui les unit. La guerre est le jeu suprême parce que la guerre est en fin de compte une manifestation forcée de l’unité de l’existence. La guerre, c’est Dieu.

Brown examinait le juge. Vous êtes fou Holden. Pour de bon.

Le juge souriait. »


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